Pages: 580
Publisher: Université Côte d’Azur (France, 2023)
Language: French
Methodologies: Flint Tools; Obsidian Tools; Experimentations; Spatial Analysis
Periods: Mesoamerica; Classic Period; Prehispanic
Related Topics: Artizanal activites; Ritual practices; Socio-economic organization
Link: https://hal.science/tel-04686017
Abstract: Dans une société aussi hiérarchisée que celle des Mayas à l’époque Classique (250- 950 d. n. è.), l’organisation des systèmes productions est au cœur de nombreux débats sur l’économie politique de ces sociétés précolombienne. La difficulté de mettre au jour les ateliers lors des fouilles archéologiques est à l’origine de nombreux questionnements sur la nature et le fonctionnement de ces villes. Si nous avons conscience de la diversité des productions et des techniques employées, les informations sur les acteurs de ces systèmes restent lacunaires. En l’absence de l’exploitation du métal, les outils lithiques étaient au centre de la vie quotidienne des populations précolombiennes. L’étude fonctionnelle de ceux-ci est une approche encore peu utilisée dans ce contexte culturel. Combinée à une étude contextuelle fine, cette démarche permet toutefois d’étudier la distribution spatiale des activités, essentielle dans l’identification des systèmes de production qui prenaient place dans une cité maya, pour mieux percevoir son organisation socio-économique voire politique. Nous avons réalisé l’analyse fonctionnelle d’un corpus d’outils lithiques du site Cancuén (département du Petén, Guatemala), à l’occupation extrêmement courte et pour laquelle l’étude contextuelle des outils analysés était possible. Cette cité était le lieu de plusieurs productions artisanales (e.g. jade, pyrite, outils lithiques, mobilier céramique), pour lesquelles on a observé une division spatiale du travail extrêmement marquée. Pour notre corpus, nous avons sélectionné un type d’outil rare en aire maya, et pourtant en retrouvé grand nombre dans le site, avec plus de 1 800 artefacts découverts : les perçoirs en silex (n = 138 analysés). Nous nous sommes également intéressées à l’outil le plus commun en Amérique centrale, avec 12 000 objets retrouvés à Cancuén : les lames en obsidienne (n = 1 024). Pour comprendre comment ces outils étaient impliqués dans les activités de la cité, nous avons sélectionné une grande diversité de contexte, de la résidence modeste au palais royal, en intégrant des contextes rituels (sépultures et dépôts rituels) et cérémoniels (aguadas), mais également les structures impliquées dans les productions artisanales déjà identifiées. Ainsi, nous avons pu avoir une vision globale de l’épicentre de Cancuén en ce qui concerne ces outils. Grâce à une analyse fonctionnelle couplée à une approche expérimentale – en nous appuyant sur les sources ethnographiques, épigraphiques et ethno-historiques pour construire nos protocoles – et bien que le nombre de catégories typologiques d’outils lithiques analysés fût restreint, l’étude a révélé qu’ils étaient impliqués dans grande diversité d’activité, incluant des matières végétales, animales et minérales. On observe que l’utilisation des outils est opportuniste dans certaines structures, alors que l’étude des outils déposés en offrande laisse entrevoir leur implication dans des activités spécialisées, voire ritualisées. La distribution spatiale de certaines tâches, comme les activités de modification dentaire réalisées à proximité du palais, permet de s’interroger sur le statut de l’activité et de l’artisan. Ainsi, en mettant en commun les résultats fonctionnels avec les études spatiales, technologiques et épigraphiques, il nous est possible de préciser les stratégies économiques misent en place à Cancuén ; cette cité regroupait plusieurs systèmes de production contrôlés de biens et de services, notamment de prestige. Les produits étaient en grande partie destinés à l’exportation, ce qui a permis à Cancuén et ses occupants de jouer un rôle important dans les réseaux d’échanges de l’époque Classique.